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parodie en est plaisante. Elle est dans le Cabinet satirique. C’est Berthelot qui l’a faite[1].

Il avoit pour ses écoliers Racan, Maynard, Touvant et Colomby[2]. Il en jugeoit diversement, et disoit, en termes généraux, que Touvant faisoit bien des vers, sans dire en quoi il excelloit ; que Colomby avoit beaucoup d’esprit, mais qu’il n’avoit point de génie pour la poésie ; que Maynard étoit celui de tous qui faisoit mieux des vers, mais qu’il n’avoit point de force, et qu’il s’étoit adonné à un genre de poésie, voulant dire l’épigramme, auquel il n’étoit pas propre, parce qu’il n’avoit pas assez de pointe d’esprit ; pour Racan, qu’il avoit de la force, mais qu’il ne travailloit pas assez ses vers ; que bien souvent, pour mettre une bonne pensée, il prenoit de trop grandes licences, et que de ces deux derniers on en feroit un grand poète. Il disoit à Racan qu’il étoit hérétique en poésie. Il le blâmoit de rimer indifféremment aux terminaisons en ant et en ent, en ance et en ence. Il vouloit qu’on rimât pour les yeux

  1. Cette parodie, fort piquante en effet, se trouve aussi dans le commentaire de Ménage sur Malherbe. Quand on l’aura lue, on s’expliquera pourquoi nous ne l’avons pas rapportée ici. En voici une stance : ce n’est pas la meilleure, mais c’est la seule que nous puissions décemment citer :

    Être six ans à faire une ode,
    Et faire des lois à sa mode,
    Cela se peut facilement :
    Mais de nous charmer les oreilles
    Par sa merveille des merveilles,
    Cela ne se peut nullement.


    « Malherbe, dit Ménage, pour réponse à ces vers, fit donner des coups de bâton à Berthelot, par un gentilhomme de Caen, nommé la Boulardière. »

  2. Ces deux derniers ne sont pas grand’chose. (T.)