Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/315

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devant, une épigramme latine où il disoit que La Martellière, leur avocat, n’étoit point de ces orateurs qui parlent de la bataille de Cannes. Il en coûta vingt écus à La Martellière pour supprimer cette épigramme.

Un jour il avoit cité toutes les coutumes du royaume ; et quoiqu’il eût harangué fort longuement, il continuoit encore. Le président de Harlay lui dit : « La Martellière, n’êtes-vous pas las ? Vous vous êtes promené par toutes les provinces de France. »

Un jeune avocat nommé Crétau plaidait pour son père, aussi avocat : « Messieurs, dit-il, je parle pour monsieur mon père, maître Pierre Crétau, avocat en la cour. — Couvrez-vous, dit M. de Harlay, le fils de M. Crétau. » Ce jeune homme dit bien des sottises. « Taisez-vous, lui dit-il, le fils de M. Crétau ; laissez parler votre père, il en sait bien autant que vous. »

À Toulouse, un jeune avocat commença son plaidoyer par le roi Pyrrhus. Il y avoit alors un président fort rébarbatif qui lui dit : « Au fait, au fait. » Quelqu’un eut pitié du pauvre garçon, et représenta que c’étoit une première cause. « Eh bien ! dit le président, parlez donc, l’avocat du roi Pyrrhus. »

Une fois Langlois plaida fort bien je ne sais quelle requête civile. Patru, qui l’avoit ouï, lui dit : « On ne pouvoit mieux plaider cette requête. — Oh ! lui répondit-il, nous sommes malheureux, nous autres, nous n’avons point de loisir. Si j’en eusse eu le temps, j’eusse fait voir que les requêtes civiles étoient fondées dans saint Augustin. — Vous avez raison, lui