Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compagnon, et il n’y restait personne. Là, mes forces m’abandonnèrent entièrement, et je m’assis, attendant la mort, car la nuit était très froide. Un Indien, qui revenait de visiter ses trappes, me trouva dans cet état, fit du feu, me ranima et me conduisit dans sa cabane. Il avait pris un castor, qu’il fallut partager entre vingt personnes, dont pas une n’avait mangé une seule bouchée depuis deux jours. Tous étaient dans la plus misérable situation.

Bientôt après, en poursuivant mon voyage, autant que mes forces me le permettaient, je rencontrai la cabane de mon ami Oto-pun-ne-be, celui-là même qui avait pris mon parti dans mon affaire avec Waw-be-be-nais-sa. Sa femme poussa des cris à l’aspect de mon extrême misère, tant la faim et la fatigue m’avaient affaibli et changé. Vers ce temps, huit Français, à demi morts de faim, vinrent se joindre à nous : M. Cote me les avait envoyés, parce qu’il supposait qu’ayant atteint les bisons, je devais avoir des vivres en