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ÉDITH.

Quand le monde revêt cette pompe éphémère ;
Mais ce luxe de sons, de parfums, de couleur,
Le ciel qui nous l’a fait n’a-t-il rien de meilleur,
Lui, qui mit tant d’éclat sur une fleur qui tomle,
Des rayons si dorés alentour d’une tombe ?
Ainsi pensait Édith, tandis que par instans
La brise murmurante annonçait le printemps,
Et semblait apporter à sa couche ravie,
Dans toute leur douceur, les adieux de la vie.
Alors, avec un calme et sublime souris :
— Mon père ?… Elle parlait au chef aux cheveux gris,
Sais-tu que je pars ? — Oui, oui, je le sais, ma fille,
Tu vas, tu nous l’as dit, rejoindre ta famille,
Revoir ton bien aimé !… — Mère ! ne pleurez pas,
Ne pleurez pas sur moi !… Bientôt, d’un ton plus bas
La mourante reprit : Oh ! quel heureux partage
Nous attend, mes amis, sur un meilleur rivage !
Car, nous avons laissé nos esprits prosternés
S’élever jusqu’au Dieu qui nous les a donnés !…
Près de celui que j’aime, oh ! que je sois couchée
Sous l’ombrage du cèdre où sa tombe est cachée !…
C’est vers lui que je vais !… Là,sont mes jeunes sœurs,
Là, sont mes vieux parens, doux et chers précurseurs,
Car c’est sur leurs genoux que ma voix argentine
Apprit à bégayer sa prière enfantine,
La prière du Christ, que vous savez, amis !
Là, nous nous reverrons, là nous serons unis,
Car vous m’avez aimée, et notre commun père
Prend pitié de celui qui prit pitié d’un frère.
La matrone à ces mots répondit par des pleurs,