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ÉDITH.

Ce langage muet des profondes douleurs !
Édith ne les vit pas !… Comme un voile de glace
Un sommeil solennel s’étendit sur sa face.
Morne, le front souillé des cendres du foyer :
« Tu vas quitter ces lieux, » chanta le vieux guerrier,
Sous le manteau de deuil où sa tête est captive,
En sons pareils à ceux que roule une eau plaintive :

« Tu vas quitter le lac aux verts rivages ;
» Tu fuis le foyer du chasseur ;
» Le temps des fleurs, la saison des feuillages,
» Fille, sont pour toi sans douceur.

» Tu vas revoir le pays de ton âme
» Où tendaient tes yeux et tes pas ;
» Du mois des blés quand les heures de flamme
» Reviendront, tu n’y seras pas !

 » Ô mon oiseau, pour nous long-temps encore
» Ton chant va manquer à nos bois ;
 » Nous entendrons leur musique sonore,
» Non la musique de ta voix.

» La brise errante, au fleuve, à la colline,
» Chante le départ de l’hiver ;
» Ses bruits sont doux, mais l’oreille devine
» Comme un écho d’adieu dans l’air.

» Mais dans ces lieux, où ta clarté nous guide,
» Se taisent tous les bruits d’adieux ;
» Là, du départ, jamais un œil humide
» Ne lira la peur dans tes yeux.