Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voyez Tchouang-Tseu : son imagination a une vivacité et une fertilité qui touchent au délire. C’est un tourbillon. Mais se laisse-t-il égarer par son génie ? Non ; il parvient à son but, et, quoique entraînés à sa suite, nous sentons, en le lisant, qu’il élève nos pensées. De même Khio-Youen est semblable à un cheval emporté ; il a une verve endiablée ; mais admirez quel respect il a pour la justice : partout dans ses écrits respire l’honnêteté la plus droite. S’il avait suivi la nature ou son génie, mon cher docteur, il fût devenu un licencieux, comme il y en a eu tant.

Étudiez encore Ssé-Ma-Thsien : il aime le merveilleux ; c’est un rêveur, un chercheur de fictions. Les êtres fantastiques vivent avec lui ; mais il n’est pas leur esclave, et la vérité est toujours honorée dans ses œuvres, de quelques draperies qu’elles soient parées.

Ainsi chacun de ces écrivains a son caractère personnel, une inclination qu’il tient de la nature, un génie, un Thsaï, et c’est pourquoi on les a appelés Thsaï-Tseu. Mais croyez-vous qu’ils ont