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Mais la reliure ainsi comprise demanderait une étude spéciale s’éloignant de notre but ; elle ne ressemble en effet que bien peu à l’art tel qu’il se pratique de nos jours, qui est celui que nous nous sommes proposé d’étudier.


I


Avec l’invention de l’imprimerie, la production des livres s’augmenta en peu de temps dans d’assez grandes proportions, et c’est naturellement le système qui avait paru le plus pratique, celui de la couverture en peau, qui fut le plus généralement adopté pour leur reliure. Les livres ainsi recouverts s’ornèrent de filets divers, d’encadrements historiés, de fleurons détachés ou même de compositions d’ensemble assez compliquées couvrant les plats du volume et toujours imprimés à froid. Ces ornements, poussés à la main à l’aide d’une roulette pour les simples filets et les dessins courants ou d’un fer-poinçon pour les vignettes isolées, se frappaient à la presse ou au balancier pour les encadrements ouvragés d’une certaine dimension, et pour les sujets formant tableau gravés sur des plaques dont l’empreinte ressortait en creux et en relief[1].

C’est à l’architecture du temps que les graveurs empruntaient le plus volontiers leurs principaux motifs d’ornement en y mêlant parfois des figures appartenant à la religion, à l’histoire ou à la mythologie. Toutes ces gravures, plus ou moins bien traitées, étaient quelquefois d’une finesse extrême, surtout en Allemagne, où du reste le goût du genre se maintint le plus longtemps.

La gaufrure sur cuir, d’un usage fort ancien, était à peu près le seul moyen qu’on possédât pour enjoliver les objets confectionnés en peau, qu’ils servissent à certaines parties de l’accoutrement des citadins et des soldats, aux harnachements des che-

  1. Comme les poinçons étaient en fer dans le principe, ces sortes d’outils, même quand on ne les fit plus qu’en cuivre, continuèrent à porter le nom de fers.