Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/121

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ou à d’autres emplois. On la pratiqua beaucoup, et le système se trouvait naturellement tout indiqué, quand il s’agit d’orner des volumes couverts en peau.

Ces reliures gaufrées ont été appelées monastiques ; mais cette dénomination, toute récente du reste, n’a que l’apparence de la vérité et se trouve même assez éloignée de l’exactitude rigoureuse. Les ornements empruntés à l’architecture gothique, aux sculptures sur pierre et sur bois, ne s’employaient pas seulement dans les édifices religieux ; ils servaient aussi bien pour les bâtiments civils et plus encore pour les meubles à l’usage des séculiers que pour ceux des couvents et monastères. Les moines ne furent pas les seuls qui s’en inspirèrent pour orner leurs manuscrits et les enlumineurs laïques les reproduisirent couramment dans leurs œuvres tout aussi souvent que les chartreux ou les bénédictins. Par conséquent, si les livres reliés dans les couvents avec fers à dessins religieux méritent doublement, nous le voulons bien, le titre de monastiques, si la même dénomination peut encore s’appliquer, par une sorte d’extension libre, aux volumes décorés, quoique reliés en ville, de sujets de sainteté, il est certain que les gaufrures mythologiques, les emblèmes profanes et les ornements sans rien de conventuel de quantité de volumes, n’entraînent pas plus pour les reliures qu’ils décorent, que pour les selles et les brides de chevaux, les ceinturons, baudriers et cuissards de soldats simplement ou richement gaufrés le nom de monastique, d’une signification par trop exclusive. Il serait donc plus exact de dire que la décoration des livres au xve et au commencement du xvie siècle avait quelquefois un caractère religieux et que les ornements en usage étaient empruntés au gothique, puis au style de transition qui conduisit à la Renaissance.

Les ouvriers gaufreurs, on le comprendra, ne manquaient donc pas d’ouvrage et durent encore à l’imprimerie un accroissement de clientèle. Ils avaient, outre l’habileté professionnelle acquise, un matériel et un outillage tout prêts leur permettant d’exécuter ces nouveaux travaux que les libraires leur confiaient. La preuve s’en voit facilement en examinant quantité de vignettes,