Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/21

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nce. »

Les libraires, relieurs, parcheminiers, écrivains et enlumineurs formèrent ensemble une de ces bannières ou compagnies, et furent soumis au règlement général comme les autres métiers. On y voit d’abord que « en chascune des dictes compaignies y aura une bannière armoyriée et figurée chascune d’une croix blanche au milieu et de telles enseignes et armoyries que les dicts mestiers adviseront. »

Chaque bannière élisait pour un an un principal et un sous-principal, lesquels devaient être établis « renommez et conditionnez » depuis six ans au moins. Ces chefs prêtaient serment entre les mains du lieutenant du Roi, et recevaient à leur tour ceux des membres de leur compagnie. Chargés de tenir un registre spécial, ils devaient surtout veiller à ce que tous les membres de leur bannière « soient en habillement suffisant, c’est assavoir : de brigandines (petites cuirasses) ou jacques (cotte d’armes), salade (casque léger et sans crête), vouge (espèce de pique), longue lance et couleuvrine à main, selon les possibilités. » Il était fait défense de vendre, « aliéner, ne transporter, ne achepter, ne prendre pour debte, obligacion ou condamnacion cet habillement, sous peine d’amende. »

Les principaux portaient la dague ou la gusarme. Ils avaient la garde de la bannière, qui devait être renfermée dans un coffre sous trois clefs, dont deux restaient entre leurs mains et la troisième dans celles du lieutenant du Roi.

Enfin, en dehors d’autres spécifications d’ordre général, il était expressément dit que les bannières ne pouvaient se mettre en armes sans « exprès mandement » du Roi ou de son lieutenant, sous peine capitale, sauf pour la revue annuelle, fixée au lendemain de la fête de la confrérie de chaque corps d’état.

C’était, on le voit, une vraie garde nationale. Nous pouvons donc en imagination nous représenter les relieurs de ce temps mêlés aux libraires, écrivains, enlumineurs et parcheminiers, passant la revue, brigandine au corps, salade en tête et pique ou couleuvrine à la main ; défilant en bon ordre, espérons-le, et rangés sous leur bannière à croix blanche, aux armoiries des libraires, se définissant peut-être déjà : « D’azur au livre ouvert