Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/22

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d’argent, accompagné de trois fleurs de lis d’or, deux en chef, une en pointe. » (Voy. le titre du volume.)

Avec l’invention de l’imprimerie, le commerce de la librairie prit un nouvel essor et se réveilla de l’état de torpeur constaté par l’ordonnance de 1467, à la suite duquel le nombre des boutiques et des ateliers avait considérablement diminué. Il s’ouvrit bientôt de nouveaux établissements, et devant cet accroissement d’industriels, qui, se plaçant sous l’égide de l’Université, se refusaient à payer certains impôts, en vertu de l’édit de 1383, les fermiers des Aydes, dont c’était trop diminuer les recettes, trouvèrent excessive cette prétention de la part de tous les membres d’une corporation passablement nombreuse : ils réclamèrent donc près du Roi. Le Grand-Conseil réuni et l’Université consultée, il fut décidé et homologué, par lettres patentes de Charles VIII, données à Chinon en mars 1488, que les artisans du livre qui, comme suppôts de l’Université, jouiraient de l’exemption d’impôts, seraient réduits à un nombre déterminé, et qu’on les choisirait parmi les jurés de l’Université. On ne nomma que deux relieurs, à côté de deux écrivains et de deux enlumineurs, tandis que les libraires, dénomination qui comprenait aussi les imprimeurs, furent portés au nombre de vingt-quatre[1].

Dès le xiiie siècle l’Université exigeait le serment des libraires et stationnaires, et ses statuts, notamment ceux de 1323 et 1342, mentionnent les obligations que les assermentés s’engageaient à remplir : ces obligations, comme nous l’avons déjà fait remarquer, portent entièrement sur l’achat et la vente des livres, sans concerner la reliure en quoi que ce soit.

Ainsi l’Université choisissait parmi les jurés quatre libraires, appelés grands libraires, tandis que les vingt autres étaient désignés comme petits libraires ; et ce sont ces quatre grands libraires qui taxaient les livres, surveillaient leurs confrères et devaient «

  1. Il y avait encore de désignés comme exempts d’impôts : 4 parcheminiers, 4 marchands de papiers à Paris et 7 papetiers, dont 3 à Troyes, 4 à Corbeil et Essonne ; 14 bedeaux, 4 avocats et 2 procureurs au Parlement, 2 avocats et 1 procureur au Châtelet.