Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/271

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lante et la queue morte ; à le voir cheminer à côté de son maître, on dirait que, las de ses mélancolies et blasé sur ses rongements, il a pris le parti, n’y pouvant rien, de s’ennuyer dans sa compagnie tout en se plaisant à son silence. Il s’appelle Mouton… Tels sont au naturel les quatre individus qui composent nos équipages. Deux d’entre eux, les mulets, nous auront certainement été utiles, mais les deux autres, venus tout exprès pour nous montrer le chemin, l’ignoreront probablement encore après l’avoir appris.

À peine avons-nous quitté Evolena, le temps s’éclaircit, le soleil se montre, et les pâturages encore mouillés de pluie et de rosée reluisent de mille feux. Après avoir dépassé la petite chapelle, nous laissons sur notre gauche le sentier d’hier pour nous perdre dans l’épaisseur d’une forêt au travers de laquelle le chemin va s’élevant pendant une heure ou deux encore. Au sortir de cette forêt, l’on traverse un pont nommé le pont des Batailles ; de l’autre côté commencent les champs. Ceci est peu pittoresque, mais curieux. Sur le penchant d’une rampe immense et roide, et du fond de la vallée jusque bien haut au-dessus de nos têtes, l’on ne voit plus que d’étroits replats qui communiquent de l’un à l’autre, ici par quelques pierres disposées en échelons contre les terrassements, là par d’étroits petits couloirs. Chacun de ces replats est un bout de champ dont la cul-