Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/311

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ici il n’y a de sentiers ni gros ni petits, et à la place une pente roide, formée de gazons que l’on peut paître sur sa gauche sans prendre la peine de se baisser. Aussi M. Töpffer vacille, vertige, s’envoie promener si c’était facile, et sans les rires qu’il fait pour s’empêcher de pleurer, il passerait des moments de furieuse angoisse. Parvenu enfin sur un tout petit replat, il s’emporte contre Tamatta et lui crie des apostrophes ; mais l’autre va son train comme si de rien n’était, et l’on ne voit plus de sa personne que le dessous de sa semelle et le raccourci de ses chausses. Pour Rayat, il boite le mieux du monde le long de ces rampes, tant il est vrai qu’en de pareils chemins c’est la tête qui fait le pied, ou encore qu’à ce jeu-là, comme à l’autre, ce qui met à bas les quilles, c’est la boule.

De cette hauteur déjà, la vue du côté du mont Rose est splendide. Mais le moyen de contempler, de jouir, quand, mal équilibré sur son vilain petit replat, on se sent tout juste l’aisance d’une statue fixée à son piédestal ! Tout ce qu’on peut faire alors, c’est de regarder en haut, mais uniquement par la peur de regarder en bas ; or cette sorte de contemplation est de toutes la plus manquée qui se puisse. Aussi nous n’avons rien vu, nous ne pouvons rien décrire, et sans quelques honnêtes gens nos élèves qui nous ont aidé à sortir de là, nous y serions encore. Au diable les