Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/442

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dables d’arbitraire, m’est douce, rassurante à voir, et e’est avec un fier amour de ma belle patrie que je salue en toi, si humble, mais si loyal, si peu formidable, mais si heureusement dispensé de l’être, le digne représentant de la neutre liberté des Cantons ! Arrière, mercenaires serviles, suppôts équivoques, commissaires ombrageux ! Arrière, repaires ténébreux, antres étouffés ! Ici tout est air et lumière ; ici tout homme qui n’est pas un malfaiteur, exempt de crainte et débarrassé d’entraves, marche affranchi et le front haut au travers de vingt-deux nations !

Au soleil couché le froid nous fait presser le pas, et nous arrivons vers huit heures à l’auberge de la Grande-Croix. Des dix enfants annoncés, pas un seul ; pas même l’hôtesse, mais à la place deux servantes qui en nous voyant perdent la tête et courent se cacher ! Qu’à cela ne tienne ! On entre, on fait un inventaire des ressources, on décide qu’il y a lieu à poursuivre, et madame T*** prend la direction des affaires. Dès lors l’activité est grande, le brouhaha universel, et pendant que chacun court, revient, s’entr’aide, Pillet monte la garde sur le seuil, armé d’un fort manche à balai !