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ces parties éboulées, en remplissaient les dépressions, et que de nouveaux dépôts se faisaient au-dessus jusqu’à ce qu’ils gagnassent la surface de l’eau. Alors des plantes s’y développaient, y implantaient loirs racines et fixaient de la sorte ces terres mobiles qui continuaient à s’accumuler, à mesure que le cours du fleuve diminuait de vitesse et le comblaient ainsi lentement ; ou bien, les mêmes s’épanchaient sur les terrains voisins, lors des crues, ou par suite des barrages qui s’établissaient sur la Vilaine.

Ce qui achève de rendre évidentes les explications précédentes, c’est qu’en creusant des points assez éloignés du lit actuel de cette rivière, dans les prairies alluviales formées le long de ses bords, on retrouve la succession des couches, indiquant qu’à des époques reculées elle devait occuper une bien plus grande largeur de la vallée dans laquelle elle coule.

On ne pourrait sans cela s’expliquer que les embarcations romaines eussent pu la remonter jusqu’à l’ancienne ville de Rennes, comme tout porte à croire qu’elles le faisaient, sinon les galbes ou trirèmes, au moins des bateaux plus légers. Car il devait être plus facile aux vainqueurs de prendre cette voie pour le transport soit des troupes, soit des munitions, soit enfin du numéraire, que celle de terre, à travers un pays qui défendait sa nationalité contre la conquête et l’envahissement, surtout à une époque où ils n’avaient encore construit aucunes routes militaires de communication.

En effet, l’ancienne ville de Rennes ou Condate[1] avait précédé de bien loin la naissance de Jésus-Christ, et était construite entre la Vilaine et la rivière d’Ille, peu loin de leur confluent. Des camps romains avaient dû être formés autour et au-dessus d’elle, dans des points stratégiques favorables et des lieux de débarquement convenables choisis. La partie très-limitée de la Vilaine, en amont du pont de Berlin nouvellement construit, qui joint le Pré-Botté à la rue Prolongée-Bourbon, de même

  1. Lorsque les anciennes Cités des Gaules quittèrent leur nom pour celui de leur peuple, Condate prit celui de Rhedones, dont on a fait Rhednes, puis enfin Rennes.
    Note de M. Moët de la Forte-Maison, dans son explication des Monnaies gauloises.
    (Album Breton)