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des Armoricains, s’étaient révoltés, ce qu’il effectua, comme il le raconte dans le troisième livre de ses commentaires, après avoir construit une flotte sur les bords de la Loire et leur avoir livré un combat naval l’an 56 de Jésus-Christ.

Les Romains, lorsque leur domination fut mieux assise, cherchant à se créer des habitations de campagne ou villas[1] sur les bords des rivières, et le peuple de simples maisons dans le voisinage de ces dernières, durent se porter de préférence le long de ceux de l’Ille, dont les côteaux plus pittoresques et plus élevés, les mettaient à l’abri des inondations, leur permettaient de découvrir au loin la moindre tentative de surprise, en même temps que cette petite rivière moins rapide et moins profonde que la Vilaine, les exposait peu à des descentes armées, parce qu’elle ne pouvait porter des embarcations assez grandes pour transporter des troupes de débarquement et compromettre leurs possessions.

Mais plus tard, ne regardant pas les diverses villas et maisons de faubourg, qui s’étaient établies sur ces collines, comme suffisamment protégées, songèrent-ils à les défendre en les entourant d’une muraille, comme le prétend M. le président de Robien, dans son manuscrit que possède la bibliothèque de Rennes ; et, en second lieu, la présence de nombreux débris de tuiles rouges disséminés dans tous les terrains voisins, prouverait-elle, comme il l’avance, que là était la cité gallo-romaine qui aurait été détruite, lorsque les vainqueurs furent obligés d’abandonner leur conquête ? Je discuterai d’abord cette dernière question, comme étant la plus importante, et ensuite j’aborderai l’autre.

MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, probablement d’après l’autorité du même magistrat, fixent, dans leur Histoire de Rennes, exclusivement la station ou ville romaine sur le côteau qui borde l’Ille[2], vers le côté nord, » et admettent que « le mur de clôture s’étendait, comme le

  1. Au ive siècle, les villas ou maisons de campagnes gallo-romaine, étaient des bâtimens bordant des cours plus ou moins vastes, suivant l’importance de l’exploitation, entourées de murs, de palissades, de fossés, et quelques-unes seulement fortifiées. C’étaient donc de riches fermes environnées de basse-cour, pour nourrir des volailles et enclore des troupeaux.
  2. Cette petite rivière est désignée par le nom d’Isola, dans les lettres d’Hamelin, évêque de Rennes.