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corde d’un arc, entre les points extrêmes du pont Saint-Martin et du Bourg-l’Evêque. »

Je n’adopte pas leur opinion, d’abord, parce que ce dernier, incontestablement, n’existait pas à cette époque, puisque, d’après eux, ce faubourg, bien plus tard, ne consistait encore qu’en quelques amas irréguliers de maisons qui peu à peu devinrent plus nombreuses, et de jardins situés entre les fossés de la ville et le Pré-Raoul jusqu’au carrefour Jouault, espace qui s’appelait encore Terroir de Mordelaise ; ensuite, parce que, suivant toutes les probabilités, cette partie des coteaux de l’Ille ne fut occupée que successivement, par un certain nombre de villas ou maisons élevées par les Gallo-Romains les plus riches et par d’autres plus humbles, appartenant ou louées aux habitans eux-mêmes, et qu’eussent-elles été entourées un peu plus tard par la muraille dont parle M. de Bobien, elles n’auraient pas davantage constitué la véritable ville romaine qui occupait l’emplacement même de l’ancienne Condate. située plus au sud, an confluent des deux rivières, comme du reste son nom qui signifie confluent, ainsi que les mêmes auteurs le disent eux-mêmes dans leur ouvrage, aurait dû, le leur prouver péremptoirement.

M. de Robien aura pris quelques murs de terrassement on d’enceinte de villas ou d’enclos de maisons formant peut-être un faubourg, et élevés comme clôture ou même comme moyens partiels de défense[1] pour une muraille de ville. Car, ce qui doit porter à croire que celle de la première enceinte de notre cité représente seule la véritable circonscription de l’oppidum gallo-romain, c’est d’abord sa situation an confluent des deux rivières, ce qu’indique, comme je viens de le dire, son nom de Condate ; son exiguïté analogue à celle de toutes les villes gallo-romaines[2] et le

  1. M. de Caumont fait remarquer, dans son Cours d’Antiquités monumentales, que le système de défense des Romains s’étendait jusqu’aux habitations privées ou villas, et que plusieurs des enceintes qui nous restent furent destinées à les protéger et à pouvoir servir de retraite aux habitans du voisinage.
    M. le baron Huart dit aussi, que les empereurs distribuèrent des terres aux légionnaires vétérans chargés de la garde de la frontière, leur permirent de fortifier leurs demeures, et que plus tard, ils étendirent cette concession à tous les citoyens possesseurs de domaines.
    (Baron Huart, Bulletin monumental, IIe volume, no  5.)
  2. La plupart des enceintes militaires n’étaient pas d’une grande étendu ; le plus