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était connue sous le nom d’Armorique, nom commun à tous les pays voisins de la mer. Elle fut conquise par Jules César, l’an 696 de Rome.

» Suivant Ptolemée, la Vilaine était le flumen herius et Condate la capitale des Rhedones, encore appelée Civitas rubra[1] et dont il ne reste plus aucunes traces. »

Il faut en excepter celles découvertes tout récemment au bas de la rue du Cartage, par suite des fouilles profondes qu’a rendu nécessaires la reconstruction de la maison de M. Fablet, en partie démolie pour rentrer dans l’alignement des nouveaux quais, dont je parlerai plus bas, et qu’il ne faut pas confondre avec la muraille qui se voit encore aux environs de la porte Mordelaise, offrant vers le haut un ou plusieurs cordons de briques et qui est d’un temps bien postérieur ; d’autres fragmens, que des coupures profondes pratiquées dans plusieurs points du mur élevé sur les anciennes substructions gallo-romaines, ont permis de relever, comme je le ferai connaître également ci-après, les nombreuses tuiles de même origine employées à leur construction ; et enfin quelques portions d’autels ou des matériaux ayant fait partie d’édifices très-anciens.

Tandis qu’il ne faut considérer les nombreux débris de briques rouges, de vases, de statuettes, de cercueils et de petits autels en granit qu’on a retrouvés le long des côteaux de l’Ille et dans tous les terrains de la rue Haute, et la prétendue muraille qui s’étendait depuis les côteaux voisins du pont Saint-Martin, en passant derrière les Jacobins, jusque vers le Bourg-l’Evéqué, dont M. de Robien put encore retrouver les traces, et que j’ai représentée, d’après son manuscrit, dans la pl. XV de mon livre, par une ligne irrégulière et en zig-zags des plus bizarres, que comme de simples indices de l’existence de nombreuses villas ou d’un faubourg dans cette partie voisine de l’oppidum gallo-romain.

  1. On a prétendu que Rennes voulut dire ville rouge. Mais je suis convaincu que cette interprétation provient d’une fausse étymologie du mot Rhedones, dont les Bretons ont fait Rouason, dans lequel la première syllabe leur a paru signifier rose ou rouge, Rho en gallois voulant dire rose et Red en Écossais où gaélique rouge. Il serait possible, cependant, que cette idée fut venue à l’étymologiste, envoyant tant de tuiles rouges employées à la construction des murailles d’enceinte de la cité. Mais il ignorait que le nom donné alors à Rennes était celui du peuple Rhedones, et non celui qui lui appartenait primitivement, lequel était, comme on sait, Condate.