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« La ville romaine, en outre, ajoute-t-il encore, était plus au Nord qu’aujourd’hui. Elle s’étendait sur le côteau et la hauteur de la rivière de l’Ille, et elle était renfermée par un mur qui se prolongeait entre l’église Saint-Martin et le pont du même nom jusqu’à la rivière, sans aucun doute. Ensuite il prenait à travers le terrain des Petites-Ursulines et de l’étoile des Capucins où je pus encore en revoir un reste en 1770. Puis il s’avançait dans les jardins et les champs qui sont derrière, où je rencontrai un massif de tour arrondi : de là, il traversait les jardins et les maisons de la rue Haute en se dirigeant vers le Bourg-l’Evéque, entre l’ancienne église Saint-Étienne[1] et le primitif bâtiment de Séminaire. Ces murs étaient composés de pierres et de grandes briques[2]. »

Je crois que M. de Robien se trompe, lorsqu’il place le long de la rivière d’Ille, l’ancienne ville gallo-romaine, tandis, que toute cette partie ne fut occupée que par des villas ou des maisons constituant un faubourg et que la première cité n’était point située vers la paroisse Saint-Martin, comme il le dit, quand les Romains s’en rendirent les maîtres et y jetèrent une garnison, sous le commandement de Crassus. Lorsqu’il ajoute qu’ « ils la transportèrent plus près de la rivière où est actuellement la vieille ville, c’est-à-dire vers les portes Mordelaises, près desquelles ils bâtirent un temple à Minerve, » on peut affirmer que ce fut l’inverse qui eut lieu et que la cité romaine devait au contraire occuper ce

  1. A l’époque où écrivait M. de Robien, cette église était celle abandonnée et transformée aujourd’hui en magasins de l’artillerie, qu’on voit dans la rue Basse, à l’extrémité Nord-Ouest d’un terrain vague, autrefois un cimetière, qui existe au bas de la rue de Change.
  2. On lit dans le Dictionnaire d’Ogée, relativement à la position de la ville gallo-romaine, ce qui suit : « Quelques historiens prétendent qu’elle était anciennement située sur la rivière d’Ille, et que son enceinte s’étendait depuis la paroisse Saint-Martin jusqu’à celle de Saint-Laurent (cette dernière touchait à la précédente vers la Visitation).
    « On a remarqué une longue suite de murs qui commencent au bas de la rue Saint-Dominique (Saint-Malo), dans le champ de la Cochardière. On y aperçoit l’emplacement d’une grande tour, qui se connaît à la couleur du gason qui est bien moins frais qu’aux environs. » (Dictionnaire d’Ogée, art Rennes, page 19.)
    Il est facile de voir que cet auteur qui publiait son ouvrage en 1774, a copié le manuscrit du président de Robien qui était mort dès 1755.