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de nos jours on ne se conteste guères en archéologie de spéculations ingénieuses et d’assertions dépourvues de preuves. Or, à l’époque où il écrivait ; les études étaient bien moins avancées dans cette science qu’elles ne le sont aujourd’hui. En outre, on s’étonnera à juste droit de l’étendue qu’aurait eu cette muraille, laquelle en eût rendu la défense très-difficile ou à peu près impossible. On sait, en effet, qu’en général les villes gallo-romaines sont toujours d’un périmètre très-limité, et qu’ici le développement de ce mur l’eût emporté de beaucoup sur celui de l’enceinte de Condate ; puisque cette dernière n’avait depuis la porte Chastelière ou Saint-Michel (K de la pl. XIV) jusqu’à celle Aivière (Aquaria) supposée avoir existé peu loin de la rue du Cartage (M de la pl. XIV), que 276 à 280 mètres (838 à 840 pieds) ; de cette même partie à ladite porte, supposée avoir été élevée au point répondant à l’ancien abreuvoir de Saint-Yves (M′ de la pl. XIV), 304 mètres (912 pieds) ; et enfin, de la porte Mordelaise (I de la pl. XIV) à celle dite Baudraëre (L de la pl. XIV) que 350 mètres (1050 pieds).

Il est appris d’ailleurs, qu’en cas de danger, les propriétaires de villas ou maisons et les habitans de faubourgs[1] se réfugiaient promptement avec tout ce qu’ils pouvaient emporter de précieux dans l’oppidum protecteur[2] devenu indispensable, par suite des invasions plus fréquentes des Barbares, et qu’alors, l’ennemi pillait, ravageait ou brûlait les habitations momentanément abandonnées, si des sorties de la place, faites à propos, ne venaient le repousser ou même prévenir son agression.

Il est bien vrai que ce système de défense s’était étendu aux habitations privées qui s’entouraient d’une enceinte pouvant servir de retraite aux voisins, car dès le ive siècle il y eut des bourgades et des maisons fortifiées comme au moyen-âge, les habitans pourvoyant eux-mêmes à leur défense, en circonscrivant leurs demeures de palissades et de fossés, ou en élevant une tour

  1. A l’époque gallo-romaine, les maisons formant alors des espèces de faubourgs venaient se grouper autour de l’oppidum ou dans un voisinage assez rapproché. (V. Cours d’Antiquité Monumentales de M. de Caumont.)
  2. En dehors des murs de chaque enceinte ou castrum, il y avait une bourgade habitée par des laboureurs, des artisans, et d’autres hommes tant romains que bretons, qui se plaçaient sous la protection de la forteresse. (V. Cours d’Antiquité Monumentales de M. de Caumont, page 20, 5e Partie, Architecture militaire.)