Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/289

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l’étude des voies qui en partaient, à laquelle je viens de me livrer, m’avait obligé à interrompre, il est peut-être nécessaire, pour mieux comprendre ce qui va suivre, de faire remarquer qu’à l’époque gallo-romaine, et au commencement de l’ère chrétienne, la succession rapide des empereurs du Haut et du Bas-Empire, avait peu de retentissement dans l’Armorique et la vieille cité Condate, à cause même de ces fréquens changemens de règnes, dont les empereurs n’y étaient connus que par leurs effigies empreintes sur les monnaies que les légions y importaient ; d’étudier les évènemens qui se passaient dans cette partie si éloignée des Gaules, on venaient en quelque sorte expirer les bruits du colossal empire, évènemens qui ne consistaient que dans des soulèvemens, assez fréquens, pour secouer le joug des vainqueurs, tentatives qui finirent par une réussite définitive ; d’y suivre le comte et l’évêque succédant aux magistrats romains dans l’administration civile et militaire [1], gouvernant une popu-

  1. Les peuples de la Gaule celtique avaient été traités plus doucement par les Romains vainqueurs. Ils avaient conservé leurs villes, leurs terres et l’autorité de leur sénat composé des notables du pays.
    Dans chaque province, il y avait, sous la domination romaine, une métropole. Ainsi, pour la seconde Lyonnaise, Rouen (Rotomagus) ; pour la troisième, Tours (Cassaromagus), il y existait aussi des villes capitales telles que Nantes (Condivicinum), Rennes (Condate), Quimper (Corisopitum), Vannes (Doriorigum) qui furent transformées en évêchés suffragans. C’est ainsi que la hiérarchie ecclésiastique se greffait sur celle romaine. (Court d’Antiquités Momumentales de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.)
    L’évêché de Rennes, suivant M. de Blois, ne fut fondé que postérieurement à l’invasion des Bretons insulaires, qui vint acroître les forces des Bretons indigènes ; et il eut pour fondateur un missionnaire romain ou gallo-romain. Quelle qu’ait été l’empreinte de la civilisation romaine anciennement laissée au pays de Rennes, elle est encore mieux marquée dans l’histoire et les monumens de celui de Nantes. Les formules de plusieurs actes écrits pour l’Anjou et la Touraine, au ixe siècle, prouvent qu’Angers avait encore, à cette époque, sud organisation en Curies : Nantes ne conserva pas la sienne aussi long-temps. C’est dans l’histoire ecclésiastique et féodale de la France et les privilèges accordée par les empereurs romains aux églises, dit le même auteur, qu’il faut chercher l’origine des regarius ou de la juridiction des évêques. A la fin du ive siècle, les formes de l’organisation administrative des Romains s’étendaient à tout le territoire breton, et les cinq cités qu’il renfermait avaient les titres d’offices accoutumés dans les municipes romains : seulement au sein des unes, ces institutions s’appuyant sur le développement qu’avait pris la civilisation de la métropole purent survivre à la destruction