Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/33

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jourd’huy. L’vn de nous faiſoit le Catechiſme de deux iours l’vn, & moy venant du Mozambic à Goa ie tenois ceſte ordinaire. Tous les iours ie le faiſois aux Caffres, & de deux iours l’vn aux Portugais ; aux Caffres c’eſtoit par interprete, bien que ie ſçeuſſe quelque peu de leur langage, qui eſt de verité bien beau, ſemblable au Flament, & plus doux que L’Allemãt, car il y a plus de voyelles, & moins d’aſpirations. Par exemple Molungo, Dieu : Mana Molungo, Fils de Dieu : Mamea Molugo, Mere de Dieu : Moſungo, Maiſtre : Mocate, du pain : Ignaſaeca, du millet : & autres ſemblables. Ces Caffres eſtoient en nombre de quatre vingts, tous eſclaues & Payens, & ceux qui eſtoient Chreſtiẽs n’eſtoient pas plus doctes. Ie fis tant en fin par mes iournées, que tous apprindrent à faire le ſigne de la Croix, à reciter leur Pater, Aue & leur croyance. Vn de nos Freres diſoit ſur le tard tous les iours les Letanies. Nous nous efforcions d’appaiſer les querelles des Soldats, & les aider au beſoin. Mais le plus grand trauail fut d’entendre les confeſſions au Careſme, car en ce tẽps tous ceux du nauire ſe confeſſerent. Et pour autãt que les Portugais ſont de ceſte humeur, qu’ils ſe confeſſent plus volontiers à vn eſtanger,