Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/47

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res, quelques vns pour gaigner, nous apportãs des viandes, des fruicts, du vin, & autres rafraichiſſemens de terre ferme. Et pleuſt à Dieu que vous ſçeuſſiez (mes freres tres-chers & bien aymez) quel plaiſir & quelle ioye c’eſt que d’arriuer au port, apres vne ſi longue & facheuſe nauigation. Ie penſois & diſois lors en moy meſme : Bon Dieu ! quel contentemẽt ſera ce donc, quãd apres le voyage & la nauigation de ceſte vie chetiue & miſerable, tu viendras, ô mon ame, ſurgir au port d’vn ſalut eternel ! Or ie viens à vous deduire, le doux accueil, les amiables embraſſemẽs & les congratulations que nous firẽt nos Peres, & Freres. Sur le tard de ce iour là, ils enuoyerent vn homme pour nous ſaluër au nauire, & prier d’attẽdre encore vn peu de temps à deſcẽdre, iuſques à tãt que tout l’appareil de noſtre entrée fuſt mis en bon ordre & diſpoſition. Ils ſçauoient biẽ que nous deuions arriuer, parce que la quatrieſme nauire qui deuoit venir quãt & nous, partit apres nous de Lisbonne, & arriua deuant nous à Goa, pour autant qu’elle ne paſſa point au Mozabic, & en icelle eſtoiẽt les lettres qu’ils receurẽt deuãt noſtre arriuëe. Le P. Prouincial eſtoit pour lors en la Peninſule de Salſete ; où il faiſoit la viſite. Or cõme