Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/54

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auſſi viſte quand il leur plaiſt. Et c’eſt pour quoy nos gens ne les attaquerẽt point, ce qui fut bon pour eux : car en ſe retirãs, ils prindrẽt ceſte quatrieſme nauire ; laquelle comme i’ay dit, eſtoit partie apres nous de Portugal. Que pouuoit faire vn ſeul vaiſſeau contre huict ? elle euſt neantmoins eſchappé, eſtant en ces rochers bruſlez de tantoſt, n’euſt eſté qu’elle demeura à ſec à faute de vent. En ceſte nauire il n’y auoit point vingt hõmes qui ne fuſsẽt tous griefuemet malades, & cependãt l’ennemy ne l’oſa jamais approcher, cõbattãt de loin à grãds coups de canon & y jettant des pots à feu. En fin quãd il n’y euſt aucun moyẽ d’eſchapper elle ſe rendit, il y en euſt fort peu de tuez, beaucoup plus de bruſlez, & tous furent prins, leſquels ils traicterẽt humainemẽt, car ils les enuoyerent dans des barquerolles (apres leur auoir baillé à chaſcun deux daleres, qu’ils appellẽt Pataques) à Goa, où ils furẽt receus & logez à l’hoſpital, que les noſtres gouuernẽt. Le Capitaine du nauire (qui auoit le nom de Lorette) appelle Hieroſme Telés, fut retenu priſonnier, auec deux autres de ſes gens. On a parlé de le deliurer, ie ne ſçay comme les affaires ſont allëes du deſpuis. Quant au nauire ils le bruſlerent, apres l’auoir