Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/258

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travail, à l’émulation, au progrès des arts, soient de quelque utilité.

Cependant, comme il y a un grand intérêt pour beaucoup de gens à les conserver, soit de la part des chefs de ces communautés, soit de la part de ceux qui gagnent avec elles ; puisque les contestations que ce régime occasionne sont une des sources les plus abondantes des profits des gens du Palais, je ne serai point étonné que l’on trouve beaucoup de sophismes à établir en leur faveur, surtout si on a la prudence de se renfermer dans des raisonnements vagues, sans les appliquer aux faits. Si Votre Majesté daigne lire le Mémoire que M. Albert a fait faire sur les abus qu’il a été à portée de vérifier dans le régime des communautés de Paris, Votre Majesté n’aura pas de peine à reconnaître l’illusion des prétextes par lesquels on voudrait pallier les inconvénients attachés à ces établissements.

Votre Majesté trouvera encore le préambule de cet édit fort long : il m’a paru nécessaire de démontrer l’injustice que renferme l’établissement des jurandes, et à quel point il nuit au commerce. Ce n’est, je crois, que par ce développement des motifs qui rendent une telle opération nécessaire, qu’on peut en imposer aux sophismes qu’entasserait l’intérêt particulier.

Je regarde, Sire, la destruction des jurandes et l’affranchissement total des gênes que cet établissement impose à l’industrie et à la partie pauvre et laborieuse de vos sujets, comme un des plus grands biens qu’elle puisse faire à ses peuples : c’est, après la liberté du commerce des grains, un des plus grands pas qu’ait à faire l’administration vers l’amélioration, ou plutôt la régénération du royaume. Cette seconde opération sera pour l’industrie ce que la première sera pour l’agriculture.

L’utilité de cette opération étant reconnue, on ne peut la faire trop tôt. Plus tôt elle sera faite, plus tôt les progrès de l’industrie augmenteront les richesses de l’État.

La suppression de vaines dépenses de communautés procurant l’extinction de leurs dettes, dans un très-petit nombre d’années Votre Majesté rentrera dans la jouissance d’un revenu assez considérable, qu’elle pourra employer mieux, ou remettre en partie à ses peuples.

Il est d’autant plus nécessaire de supprimer très-promptement ces communautés, qu’elles forment un obstacle invincible à ce que les