Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/841

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je suis enchanté de ce que vous me dites de votre santé et du bonheur dont vous jouissez auprès de M. de Vérac, à qui je vous prie de dire de ma part combien je suis flatté de son souvenir, et combien je désire que les circonstances me mettent à portée de cultiver sa connaissance et de mériter son amitié.

Mme d’Enville vous fait ses compliments, MM. de La Croix, Tresaguel, Desmarets, etc., vous disent mille choses.

Mme de Boisgelin et l’archevêque d’Aix me dirent, il y a quelque temps, qu’ils n’avaient pas entendu parler de vous. Peut-être ont-ils eu depuis de vos nouvelles.

L’abbé Venini vit assez solitaire. MM. de Cond… et de Ker… lui ont fermé la maison de Mlle de L’Espinasse.

Les Contes de Diderot n’ont pas eu grand succès ; quelques traits de mauvais goût en ont effacé tout le mérite. On a réimprimé les Éloges de M. Thomas, avec une préface, ou Traité des Éloges, en 38 chap., faisant 2 vol. in-8o, où chaque ligne contient au moins une pensée fine, profonde, ou brillante. Jugez du plaisir qu’on trouve à cette lecture. C’est dommage, car il y a réellement beaucoup de choses intéressantes dans cet ouvrage, et surtout une honnêteté courageuse qui fait aimer et estimer l’auteur.

Adieu, mon cher Caillard : vous savez combien vous devez compter sur mon amitié.


Lettre XVIII. — Au même. (À Paris, le 6 septembre 1773.)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je suis enchanté de ce que vous me marquez de vos occupations et du bonheur dont vous jouissez auprès de M. de Vérac, que je vous prie de remercier pour moi de son souvenir.

Dès qu’il y a des pierres-ponces à Weissenstein, c’est une preuve que ce pays a brûlé. Quant à la reconnaissance des courants de lave et de leur direction, cela demande des yeux exercés et un examen détaillé, car ces courants ne sont sensibles que par la nature des pierres répandues sur le terrain et qui, le plus souvent, sont mêlées et recouvertes en partie de terre végétale.

Je vous envoie une épître charmante de Voltaire à Marmontel, avec la réponse qui ne coule pas d’une verve aussi facile. Nous avons des éloges de Colbert, qui excitent assez de fermentation et qui révoltent, comme de raison, non-seulement les économistes, mais tous les partisans de la liberté. Celui de M. Necker, qui a remporté le prix, n’a pas assez d’éloquence, à beaucoup près, pour compenser l’absurdité du fond des choses ; mais il a enchéri sur le boursouflage de M. Thomas, et ce bruit est apparemment très-propre à réveiller les oreilles accoutumées à reposer sur le fauteuil académique.

Je compte m’en retourner incessamment à Limoges. M. Delacroix vous fait mille compliments. Desmarets est à courir l’Auvergne.

Adieu, mon cher Caillard : portez-vous bien, comptez toujours sur mon amitié, et donnez-moi quelquefois de vos nouvelles.


Lettre XIX. — Au même. (À Paris, le 12 mars 1774.)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je souhaite fort d’apprendre par vous que vous continuez de vous trouver