Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/151

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nous faisions cette enquête, le chef disparut.

« Restés seuls avec nous, les prisonniers s’agenouillèrent et battirent des mains avec énergie pour exprimer leur gratitude. Nous eûmes bientôt coupé les liens des femmes et des enfants, il était plus difficile de délivrer les hommes. Chacun de ces malheureux avait le cou pris dans l'enfourchure d’une forte branche de six à sept pieds de long, que maintenait à la gorge une tige de fer solidement rivée aux deux bouts. Cependant, au moyen d’une scie qui par bonheur se trouvait dans nos bagages, la liberté leur fut rendue à tous. Nous dîmes alors aux femmes de prendre la farine dont elles étaient chargées et d’en faire de la bouillie pour elles et pour leurs enfants ; tout d’abord elles n’en voulurent rien croire, c’était trop beau pour être vrai. Mais quand l’invitation eut été renouvelée, elles se mirent promptement à l’œuvre, firent un grand feu et y jetèrent les cordes et les fourches, leurs maudites compagnes de tant de journées pénibles et de nuits douloureuses. Beaucoup d’enfants avaient à peine cinq ans, il il y en avait même de plus jeunes. Un petit garçon disait à nos hommes avec la simplicité de son âge : « Les autres nous attachaient et nous laissaient mourir de faim, vous nous avez détachés vous, puis vous nous donnez à man-