Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/182

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« Des Arabes achetèrent ceux d’entre nous qui paraissaient les plus forts. Ma mère, jugée bonne et solide pour travailler, fut envoyée tout de suite en service. Un Arabe cruel nous arracha notre pauvre mère sans que nous puissions même lui dire adieu.

« Je restai seul avec ma petite sœur ; mais bien souvent, je la revois en dormant, et, bien souvent à mon réveil, j’ai versé des larmes ; depuis lors, je n’ai jamais plus entendu parler de ma mère. J’avais alors six ans environ et ma sœur en avait quatre.

« Le marché fini, la caravane se remit en marche à travers le désert : nos maîtres étaient à dos de chameau, et nous, les pauvres esclaves, nous cheminions péniblement à pied.

« Les Touareg faisaient très rarement des haltes ; dans ces haltes, ils mangeaient un mouton ou une chèvre de leur troupeau, et ils nous jetaient les os comme à des chiens : heureux encore ceux qui pouvaient les attraper !

« Au bout de deux jours de marche, ma petite sœur, fatiguée de cette route brûlante et si pénible à travers les sables, tomba épuisée au milieu du désert ; je restai à ses côtés tandis que la caravane continuait sa course. Mais un des Touareg nous aperçut ; il revint vers nous et se mit à crier, puis à nous frapper à coups de