Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/206

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une grêle de coups de bâton. Son sang est recueilli pour achever de crépir la case, et son corps est exposé devant la porte fétiche, en regard de la place du marché.

« Dans la lagune, d’autres victimes sont sacrifiées. Les eaux ont porté les corps de quatre femmes devant Badagry ; un homme a été trouvé dans les herbes près de Porto-Novo. Le lendemain, les cadavres sont restés exposés sur la place du marché où je les ai vus ; cette place était remplie d’hommes armés de fusils, qui exécutaient des fantasias devant les cadavres en chantant et en tirant force coups de feu. Pendant la journée, les exécuteurs ont achevé de crépir la case avec le sang des victimes ; puis ils y ont placé les objets ayant appartenu aux quatre rois défunts : chaises, chapeaux, souliers, parasols, couteaux, pagnes, nattes, plats, en y ajoutant, pour l’usage des souverains, des caisses d’eau-de-vie et des sacs de cauris ; ils ont arrosé le tout du sang des victimes. On y mit encore les tètes que Ton avait décollées. Sur le haut de la case flottaient trois drapeaux, rouge, noir et blanc.

« Le roi, les princes, les cabacères qui avaient fait tuer la même nuit des bœufs et d’autres animaux, passent la journée à manger et à boire. Les débris de leur festin sont portés près de