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France, l’esclavage, pour être clandestin, n’en existe toujours pas moins.

« L’homme, la femme, l’enfant, achetés et revendus comme vil bétail, sous le couvert du drapeau français, n’est-ce pas révoltant ?

« Nous fermons aussi les yeux sur l’importation des eunuques, et il ne m’est pas démontré qu’on n’en confectionne pas sur place, au fond des sérails tunisiens. C’est le luxe de toute polygamie bien comprise.

« Du moins en Algérie, nous n’avons que les inconvénients inhérents aux mœurs matrimoniales ; mais à Tunis, l’esclavage et la polygamie vont de front et le drapeau qui flotte au grand mât de la Résidence française sert de pavillon, pour couvrir cette marchandise de chair humaine, que d’infâmes forbans amènent du fond des déserts africains[1]. »

Déjà, en 1881, M. Duveyrier disait dans son ouvrage sur la Tunisie :

« Bien que la vente des esclaves ait été interdite depuis longtemps, et que les marchés aux esclaves soient fermés, l’esclavage continue à exister et la traite des hommes, mais surtout

  1. Les Odeurs de Tunis, par H. Pontois, ancien président du Tribunal de Tunis, président honoraire de Cour d’Appel députe des Deux-Sèvres. 2e édition, Paris 1889, p. 148-149.