Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/257

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donne la vie et que c’est chez lui que retournent les hommes, ou plus exactement les âmes des hommes (mutrina), comme disent les nègres.

Ici, pas d’incrédules : tout le monde est convaincu de la puissance des esprits supérieurs, et personne ne néglige leur culte. La négation en religion, a dit quelqu’un, est un fruit des passions civilisées, c’est une de ces folies que la simplicité ne connaît pas, et qui viennent toujours d’un cœur corrompu ou d’une vie abominable : « L’insensé a dit dans son cœur : il n’y a point de Dieu », chantait David, il y a longtemps.

En écrivant ces lignes, nous n’avons point l’intention de réhabiliter les nègres, ni de vanter leurs vertus, car le degré de dégradation morale, l’abîme d’abrutissement où ils sont généralement tombés, avec la perte presque complète de toute dignité humaine, sont bien propres à exciter la pitié des âmes compatissantes et le zèle des missionnaires. Il n’y a, pour ainsi dire, que cet instinct religieux qui soit vivant au milieu des ruines de toutes leurs facultés morales aussi bien que physiques.

Il existe à Whydah un temple des serpents, très fréquenté et très honoré par les indigènes. Ceux-ci ne tuent jamais les reptiles ; ils les respectent au contraire, les prennent doucement