Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/290

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gracieuse et modeste ; rien de la bouffissure du visage, du noir luisant et de la pétulance animale des négresses ordinaires. C’est l’idéal de la beauté africaine : Nigra sum, sed formosa !

Nachtigal assiste à des razzias, des incendies de villages Kolikois et autres crimes perpétrés par les Somraïs, dans le but d’enlever des esclaves. « Lorsqu’on eut dégagé l’entrée du fourré à coups de hache, dit-il, nos hommes commencèrent leurs coups de mains lucratifs. On les vit s’enfoncer de côté et d’autre dans l’épaisse futaie, pour reparaître au bout de quelque temps, qui avec un enfant, qui avec une bique… Des hommes blessés, à demi-morts, étaient violemment tirés du fourré ; des femmes, des jeunes filles défaillantes étaient brutalement traînées hors des buissons où elles se cachaient, et les vainqueurs se battaient à qui les aurait. De tout petits enfants étaient arrachés des bras de leurs mères, butin inutile, pour lequel on en venait encore aux mains. Ces compétitions féroces autour de pauvres êtres qui perdaient, en un jour, parents, patrie, espérances de bonheur et d’avenir, tout, hélas ! était quelque chose de plus horrible et de plus écœurant encore que les atrocités de la lutte. »

Lorsque les malheureux assaillis consenti-