Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/291

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rent à se rendre, le chef vainqueur ne fut plus maître de retenir ses hommes :

« Il n’y eut plus alors pour les indigènes d’autre alternative que la mort ou l’esclavage et il faut le dire, à leur honneur, ce fut la mort qu’ils choisirent. Se concentrant de plus en plus vers l’entrée du bois, ils tentèrent de reprendre l’offensive, mais sans la moindre chance de succès : dès que l’un d’eux paraissait, il mordait immédiatement la poussière.

« En même temps, on achevait d’arracher du fourré les femmes et les enfants qui y étaient restés, et comme auparavant, les vainqueurs se disputaient ces captifs, tirant brutalement les bras et les jambes des tout petits enfants, au point que je craignis sérieusement que ces pauvres êtres ne se disloquassent. Un poulain, conquis de la sorte, fut tellement maltraité qu’il expira avant d’avoir pu échoir à un maître.

« Pas un de ces infortunés Kolikois, homme, femme, enfant, ne poussa une plainte, ni même un soupir ; il y eut seulement des jeunes filles qui, les sens glacés d’épouvante, furent emportées sans connaissance hors du champ de carnage, et de jeunes garçons que je crus voir distinctement blêmir de terreur, malgré la teinte noir foncé de leur visage… A trois heures, le reste de la population mâle, une trentaine de Koli-