Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/298

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enfants sous les yeux des mères captives.

Après avoir passé Kapampa, Giraud campe au Marangu, sur la côte ouest du Tanganyika, près de Vouafipas occupés à acheter des esclaves. Il fut témoin de plusieurs marchés dont un eut lieu vers sa tente.

Il s’agissait d’une petite fille de dix ans, gracieuse et bien prise, amenée par des Marangus, ses parents. Le patron de la pirogue avait offert d’emblée un vieux fusil à pierre ; les débats se prolongèrent toute une après-midi et le Mfipa dut ajouter une pierre à fusil, deux charges de poudre et deux balles en cuivre !

Une fois en possession de sa proie, le propriétaire la caressa un instant, lui regarda attentivement les yeux, les oreilles. Elle avait les dents saines, blanches, et sa figure s’éclaira d’un sourire. Le négrier fit approcher deux enfants déjà liés par le cou avec une corde en cuir, attacha solidement le bout de cette corde au col de la fillette. A ce moment, elle comprit et deux larmes perlèrent à ses yeux.

« Te voilà baptisée Mfipa, petite, lui cria Kouma. »

Cette petite avait intéressé Giraud ; ces deux larmes l’avaient ému : il allait essayer de la racheter, quand il la vit sourire, se lever avec ses compagnons d’esclavage et se mettre à