Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/299

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jouer avec eux dans les eaux du lac. Les parents, ajoute Giraud, n’étaient pas à cinq cents mètres et repartaient tranquillement, sans retourner la tête !

Giraud est-il certain que c’étaient bien les auteurs de l’enfant et non de premiers acquéreurs ou des voleurs ? Nous voudrions pouvoir conclure ainsi, mais des témoignages indéniables établissent que des mères, ayant perdu la dernière notion de l’amour maternel, vendent quelquefois leurs enfants pour une bagatelle, sans qu’une larme mouille leurs paupières ; seulement, par un reste de pudeur, elles les font passer pour leurs esclaves !

Un père, fatigué de voir son enfant chétif ou malade, l’assomme, l’étrangle et le jette dans les broussailles où les hyènes viennent le dévorer pendant la nuit !

Sur le Haut-Nil, les esclaves, hommes, femmes et enfants, sont généralement entassés dans les barques, ou dahabieh, comme des harengs dans une caque. Faut-il ajouter que, même ainsi pressés, ils sont encore chargés de chaînes.

Schweinfurth regagna Khartoum par le Haut-Nil ; son journal renferme encore ce qui suit :

« Un fait horrible a gravé pour jamais dans ma mémoire le souvenir de cette nuit, d’ail-