Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/300

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leurs sereine. Il y avait, dans la cale, une vieille esclave malade depuis longtemps de la dysenterie, affection qui, chez les nègres, suit presque toujours le changement d’existence. La pauvre femme était mourante ; tout à coup, elle se mit à crier, comme si elle avait été prise d’épilepsie. Je n’ai jamais entendu de pareils cris provenir d’un être humain : quelque chose d’effroyable. On ne peut comparer cette voix d’agonisante qu’à celle des hyènes affamées, faisant, la nuit, curée de charognes sur les places des grands marchés du Soudan. Cela commençait par un long soupir : plainte profonde qui grandissait jusqu’au ton le plus aigu.

« Enfermé dans ma cabine, simplement faite avec des nattes, ne pouvant rien pour la malheureuse, je m’encapuchonnais de mes couvertures, afin de moins entendre. Bientôt un flot d’invectives frappa mes oreilles : puis un plongeon accompagné de cette apostrophe : Marafil ! (hyène !), et ce fut tout. Les gens de l’équipage avaient jeté à l’eau l’agonisante. Pour eux c’était une sorcière, une femme-hyène, dont la présence à bord devait nous porter malheur. »

Outre les captifs destinés à entretenir l’épouvantable dilapidation de force humaine qui se fait dans les établissements du Haut-Nil, il y a les esclaves du commerce, simple marchandise