Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/319

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[1], dit Burdo, est la chose la plus désolante.

« A l’instar des bêtes de somme, hommes, femmes et enfants y sont exposés publiquement et tout nus sous les yeux des amateurs, au gré des plus offrants. Le marchand fait de son mieux valoir leurs qualités et l’acheteur les soumet, à tour de rôle, à l’examen le plus minutieux et le plus cynique à la fois. Entre autre chose, il leur ouvre la bouche, comme nos maquignons font des chevaux, afin de s’assurer de l’état de leurs dents, et c’est là, paraît-il, un point capital. Il est vrai que les tristes créatures, objets de cette inspection, s’y prêtent sans rechigner le moindrement, comme s’il n’était rien de plus simple, ni de plus naturel. »

Burdo oublie les menaces proférées avant la mise en vente par le marchand négrier, aussi continue-t-il : « A toute évidence, leur avilissement est si profond qu’à leurs yeux, il n’y a rien de blessant. Pauvre nature humaine, au fond de quel abîme tu peux descendre !

« Bien entendu, les prix varient selon l’âge, le sexe, la force, la beauté de la marchandise : les jeunes gens robustes, bien constitués, se

  1. Au confluent du Bénué et du Niger.