Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Les esclaves de la mère de Raouff étaient au nombre de cinq. Deux d’entre elles n’ont pas osé profiter de l’occasion absolument invraisemblable qu’elles ont eue de recouvrer leur liberté. Il a fallu, en effet, pour cela, l’acharnement extraordinaire d’une affranchie, leur ancienne compagne, qui a tout bravé, s’est adressée à toutes les autorités de Tunis et jusqu’au Président de la République, pour que ces malheureuses pussent être arrachées à l’esclavage. Les deux qui ne sont pas sorties ont cru, jusqu’au dernier moment, qu’on leur tendait un piège, car il est inouï qu’on ait jamais fait ici à un homme du rang de Raouff, petit-fils de l’avant-dernier Bey, pareil affront. Sa mère en est tombée dangereusement malade. Quant à l’affranchie dénonciatrice, elle se cache encore plus mystérieusement, sûre que son ancien maître emploiera tous les moyens possibles pour la faire périr, et je n’espère pas arriver à découvrir sa cachette. On m’a assuré, d’autre part, qu’il ne serait pas prudent de montrer trop d’insistance à contrarier ses goûts de retraite, et que c’est une virago, comme le Soudan en produit assez, parfaitement capable de tenir tête à un homme, même les armes à la main. On m’a aussi parlé d’une autre affranchie de la même mai-