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cotonnades de Manchester. Ils étaient aussi habiles au négoce que le sont encore aujourd’hui les marabouts musulmans !

Il a fallu le succès de la croisade entreprise par Wilberforce pour mettre un frein à cette ingénieuse combinaison qui donnait une satisfaction complète au triple penchant des Anglais pour l’exploitation des races inférieures, le commerce et la philanthropie.

Nos lecteurs nous pardonneront cette digression ; nous reprenons l’examen de l’Acte général.

L’indifférence coupable qui rognait parmi les Européens à l’égard de la traite africaine était l’un des phénomènes les plus étranges de cette fin de siècle ! C’était cependant un sujet qui s’imposait au plus haut degré à la pitié comme à la justice de l’Europe.

Sur un continent en rapport direct et perpétuel avec le nôtre, sous les yeux des peuples civilisés, s’était organisé ce système de brigandage, de dévastation et de massacres, dont nous avons essayé de retracer quelques scènes.

Le trafic des esclaves existait toujours, avait des marchés réguliers d’approvisionnement et de vente, ses routes déterminées et le nombre de ses victimes allait toujours croissant.

Il était temps que les nations civilisées,