Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/54

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trouver à en acheter vendent leur famille, père, mère, frères, enfants ; car celui qui, dans une circonstance comme l’arrivée d’une caravane d’esclaves, n’aurait pas à vendre au moins un enfant, ne serait qu’un pauvre hère. Il faut faire commerce pour être du grand monde[1]. »

« Un esclave, dit M. de Brazza, coûte, dans l’Adouma, deux kilogrammes de sel, un bassin en cuivre, deux pagnes, des colliers, en tout dix francs valeur d’Europe.

« Les femmes de l’Adouma attirent les commerçants des tribus de l’intérieur et leur accordent leurs faveurs, puis, suivant leur caprice, font découvrir ces relations. Ils sont alors saisis et vendus comme esclaves à moins que leur famille, pour les délivrer, ne donne un certain nombre de moutons et un esclave[2]. »

Les Aiahous sont aussi des pourvoyeurs très actifs des traitants. Livingstone raconte que ceux-ci arrivent dans leurs villages, où ils étalent les objets qu’ils apportent. Ces objets sont à vendre ; pour les avoir il faut des esclaves ; une razzia s’organise ; et, munis d’armes à feu par les Arabes, les Aiahous tombent alors chez les Mânyânyas, qui n’ont pas de

  1. Alfred Marche. Trois voyages dans l’Afrique Occidentale, 1871-1878, Paris 1882.
  2. Tour du Monde, 1888, 2e semestre, p. 1-64.