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fusils. C’est ainsi que les marchés s’approvisionnent. Les razzias se succèdent et de proche en proche les rapts se multiplient[1]. »

Giraud rencontre au boma[2] du chef Ketimkuru, le négrier Aley qui avait tellement acheté d’ivoire et d’esclaves qu’il n’avait plus une pièce d’étoffe pour retourner à la côte. Aley était un ancien esclave de l’Uemba[3], qui, emmené à la chaîne dix ans auparavant, avait fini par inspirer de la confiance à l’un des plus riches Arabes de Zanzibar et revenait chaque année dans son pays pour y trafiquer d’ivoire et surtout d’esclaves.

Deux cents créatures humaines, appartenant à ce misérable ou à son patron, étaient enfermées dans ce boma.

Aley achetait l’ivoire au prix moyen de 40 dolés (160 mètres de cotonnade blanche) la frazilah ou 15 kilogrammes, soit 100 francs ce qui en vaut 500 à la côte. N’ayant pour le servir que des malheureux qu’il payait peu et même auxquels il ne donnait souvent que leur nourriture pour toute solde, il se faisait parfois, à

  1. Le dernier journal de Livingstone. Tour du Monde, 1875, 2e semestre, p. 1-96.
  2. Petit village entourée d’une palissade.
  3. L’Uemba, au sud du lac Tanganyika, entre le Mamboué et l’Itahoua, au nord du Chambezi et au nord-est du lac Bangouélo ou Bemba.