Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amène, si l’on est heureux, deux ou trois mille à la côte.

« Décrire ce que Stanley vit là, dit M. L. Quesnel, serait trop long et trop épouvantable. Les hommes enchaînés par le cou, vingt par vingt, jetés sous un hangar, en commun avec des femmes attachées par des anneaux ainsi que leurs enfants et tous ces corps couverts de plaies putrides formées par les fers, un tel entassement de créatures humaines qu’il faisait songer à ces nids de chenilles qui se pressent sur une branchr d’arbre, une infection, une misère, une souffrance, des gémissements sans nom et tout cela pour satisfaire l’avarice d’un marchand d’esclaves[1]. »

Le 24 janvier 1884, Giraud arrive à un petit village entouré d’une palissade (boma), propriété d’un Arabe de la côte qui faisait le commerce des esclaves :

Les huttes, au nombre de vingt-cinq ou trente étaient plus entassées et les rues plus étroites que dans les villages environnants. Une ou deux chaînes d’esclaves circulaient à l’intérieur et vinrent s’asseoir devant l’explorateur, « le dévorant, écrit-il, du regard hébété, idiot, habituel à tous ces malheureux. »

  1. Cinq années au Congo. Revue politique et littéraire, Revue Bleue, 1886, p. 118.