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L’Arabe avait quitté la place depuis quelques jours pour aller vendre une partie de ses noirs articles à la côte. Giraud croit fortement que ce prétendu Arabe n’était qu’un homme de la Mrima, attendu qu’aucun des chefs à qui la garde de son camp avait été confiée n’était Zanzibarite.

« Mes hommes, dit-il, m’expliquèrent, à son sujet, que les négriers qui font la traite possèdent en général deux bomas de cette sorte : l’un comme celui-ci, à une certaine distance de la côte, autour duquel ils rayonnent pour faire leurs provisions de « bois d’ébène[1] » ; le second, retiré à la côte même, est placé de façon qu’on puisse entrer facilement en relation avec les boutres du canal[2] et surveiller les bâtiments de guerre ; il ne sert que d’entrepôt temporaire et étant généralement inhabité, échappe aux soupçons de l’autorité anglaise. Aussitôt que, par ses renseignements, l’Arabe est sûr de l’éloignement momentané du bateau de guerre, il fait venir ses chaînes humaines à marches forcées et les embarque sans plus tarder sur les boutres, tout prêts à les recevoir[3]. »

  1. Terme générique sous lequel on désigne les esclaves à la côte d’Afrique.
  2. Bateaux du canal de Mozambique.
  3. Op. cit.