Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/66

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Le lieutenant se demandait d’où sortaient ces files d’esclaves qui, après avoir sillonné toutes les routes du Soudan, allaient alimenter les marchés du Bas-Niger ou étaient vendus aux Maures sahariens et dans les escales des fleuves de la côte.

Le Diula lui apprit que les pays à esclaves embrassent l’immense région, encore peu connue, comprise entre les premiers affluents du Niger. Ces contrées extrêmement barbares sont, proportionnellement, plus peuplées que celles du reste du Soudan occidental. Le Ouassoulou passe notamment pour avoir une population des plus denses. Afin d’exprimer combien les villages sont rapprochés, les indigènes disent que « le roi peut, sans sortir de sa capitale, transmettre ses ordres, de voix en voix jusqu’aux extrémités de son immense empire. » Les habitants sont un mélange de Bambaras et de Peuhls métis, qui se font, sans distinction de nationalité, une guerre perpétuelle. Le seul objet de ces combats incessants est de s’enlever réciproquement des femmes, des jeunes hommes et des enfants pour aller les revendre ensuite sur les marchés célèbres de Dialakoro, Kankan, Kenièra, Tangrela, etc. Ces moyens de s’enrichir sont si bien entrés dans leurs mœurs que toutes les classes de la société les emploient :