Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les chefs, afin de renouveler leurs provisions de fusils et de poudre, pour s’acheter de beaux ornements, vendent leurs propres sujets. Dans les temps de disette, les faits acquièrent toute leur monstrueuse horreur : ce sont alors les pères de famille qui, pour améliorer leur situation, conduisent sur les marchés leurs infortunés enfants.

Pour compléter ce tableau épouvantable, le Diula avoua avoir acheté l’une des petites filles de la caravane à son frère ; celui-ci l’avait traitreusement éloignée de la case paternelle pour la céder ensuite à vil prix.

« Les peuplades, dit le lieutenant Vallière, qui se font ainsi des pourvoyeuses de chair humaine, sont loin de vivre sur un sol ingrat. Indépendamment de la fertilité réelle des terrains, elles ont des mines d’or plus abondantes encore que celles du Bouré et du Bambouk. On ne peut donc accuser que leur état sauvage et le principe même de l’esclavage admis malheureusement par tous les peuples africains ; si les acheteurs ne foisonnaient pas dans les marchés du Haut-Niger, ce trafic honteux cesserait de lui-même[1]. »

« Le roi de Ségou, dit le colonel Gallieni,

  1. Exploration du Haut-Niger. Tour du Monde, 1883, 1er semestre. p. 113-208.