Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/69

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doit, en échange d’avoir à lutter sans cesse avec l’un ou l’autre des pays qui l’entourent… A l’ouest et au midi, les Foullanes[1] convoitent cette région fertile en esclaves. »

Barth est témoin d’une guerre entre les gens de Kouka et ceux de Mosgou[2] ; il consigne ainsi ses émotions :

« Quel dommage d’être avec ces odieux chasseurs d’hommes, qui sans égard pour la beauté du pays et le bonheur de ceux qui l’habitent, répandent la désolation uniquement pour s’enrichir…

« Dans la plaine où nous arrivons, des cavaliers battent les haies des villages ; ici, un indigène fuit à toutes jambes ceux qui le poursuivent ; là-bas, c’est un malheureux qu’on arrache de sa case ; plus loin, un troisième, qui s’est blotti dans un massif de figuiers, sert de point de mire aux flèches et aux balles.

On avait fait mille esclaves, coupé froidement la jambe à cent soixante-dix hommes, laissant à l’hémorrhagie le soin de les achever… Bien que l’expédition n’eût pas été fructueuse, elle ramena 10,000 têtes de bétail et environ 3,000 esclaves, y compris de vieilles

  1. V. supra.
  2. Kouka (la ville des Baobabs), capitale du Bornou, près du lac Tchad.