Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/71

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femme est un être intermédiaire entre l’homme libre et l’esclave ; mais ses charmes doivent rapporter autant et même plus de bénéfice que le travail de l’esclave. Aussi les maris sont-ils toujours prêts à céder et même à offrir leurs femmes au premier venu ; s’il est riche, il paiera : s’il est pauvre et incapable de financer, il deviendra l’esclave du mari. La somme que ce dernier est autorisée, par la loi, à réclamer est de 50 francs, s’il n’y a pas eu de conventions antérieures.

« Les esclaves, ajoute de Compiègne, y sont encore plus malheureux que les femmes. Leur maître peut les tuer sans que personne l’en blâme. Si on tue l’esclave du voisin, on en est quitte pour rembourser sa valeur, soit en argent, soit en marchandises. »

« Ce n’est pas tout, le Cama est malheureusement l’un des repaires de la traite maritime des nègres de la côte d’Afrique. Les faibles ressources dont disposent les Français au Gabon, ressources encore diminuées par le départ de l’escadre stationnaire, ne leur permettent aucune répression sérieuse. Les négriers le savent bien ; ils le savent si bien qu’ils remontent fréquemment l’estuaire, ou stationnent à son embouchure en arborant le pavillon portugais, pavillon qui est à bon droit plus que suspect