Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/75

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pour cultiver les maïs ou le dourah[1], et qu’ils en reviennent au coucher du soleil chargés comme des bêtes de somme.

« À eux aussi incombe le soin de laver le linge de leurs maîtres, en le frappant à coups redoublés sur une planche, après l’avoir trempé dans un mélange d’eau et de fiente de chameau ; à eux enfin tous les rudes travaux de l’intérieur des mins. Comme nourriture, ces malheureux affamés n’ont que du maïs cru ; heureux encore quand ils peuvent racler le fond des marmites pour dévorer avidement quelques bribes de bouillie de dourah, principale nourriture du Çomali.

« Ce bétail humain, jadis fourni par les marchés du littoral, est devenu plus rare aujourd’hui. Il vient bien parfois, dans le Guélidi[2] des esclaves Gallas, amenés par les caravanes de Gananeh, mais ils sont en petit nombre. Aussi profite-t-on des moindres occasions pour se livrer à la chasse de l’esclave dans les régions de l’intérieur et tout différend entre particuliers ou entre clans se règle-t-il au moyen de têtes d’esclaves (Andon), ce qui devient une sorte d’unité monétaire dont la valeur varie du

  1. Millet, dara, chez les Touareg, en arabe, bechna.
  2. Province du Çomali entre Magadoxo et Ouarman, au nord-ouest du Ouèbi.