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le missionnaire, nous fûmes appelés au palais. Près de la porte nous vîmes quatre-vingt-dix têtes humaines, tranchées le matin même ; leur sang coulait encore sur le sol comme un torrent. Ces affreux débris étaient étalés de chaque côté de la porte, de manière que le public pût bien les voir…

« Trois jours après, nouvelle visite obligée au palais et même spectacle, soixante têtes, fraîchement coupées, rangées comme les premières, de chaque côté de la porte, et trois jours plus tard encore, trente-six. Le roi avait fait construire, sur la place du marché principal, quatre grandes plates-formes d’où il jeta des cauris[1] au peuple et sur lesquelles il fit immoler environ soixante victimes humaines. J’estime que, pendant la célébration de ces horribles fêtes, plus de deux mille êtres humains ont été égorgés, les hommes en public, les femmes dans l’intérieur du palais. »

M. Euschart, négociant hollandais, forcé de se rendre au mois de juillet 1862, à la cour de Bahadou, a laissé une relation dont nous extrayons ce qui suit :

« Le 5 juillet, je fus conduit en grande pompe sur la place du marché où l’on m’apprit

  1. Petite coquille servant de monnaie dans certaines régions de l’Afrique.