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sieurs milliers de ces malheureux. À Kéniéra, chaque barre de sel vaut un captif. On voit par cet exposé que deux pièces de guinée, d’une valeur moyenne de vingt-cinq francs, procurent aux commerçants trois créatures humaines dont la vente produira au retour, sept à huit cents francs. Si le Diula poursuit sa route jusqu’à Dialakoro, il pourra avoir des esclaves à meilleur compte ; toutefois ce dernier marché, situé au centre de l’Ouassoulou, est surtout renommé par son commerce d’or, on y vend la barre de sel jusqu’à sept gros.

« Ainsi, les deux pièces de guinée représentent, à Dialakoro, vingt et un gros d’or, qui seront vendus dans les escales européennes deux cents francs. »

L’interlocuteur du lieutenant Vallière lui faisait ressortir que, sans la mortalité et les risques courus par les caravanes pendant leur passage au milieu de pays habités par des pillards, le commerce des esclaves serait plus lucratif que celui de l’or.

« D’autres Diulas passent par le Nicolo et le Fouta-Djallon[1], vont dans les rivières du sud, françaises et anglaises, acheter à très bon marché des fusils et de la poudre, et débouchent

  1. Au sud-est de la Sénégambie.