Page:Va toujours.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lupérieure en cherche un. Je pourrais lui proposer mon frère pour le poste vacant.

— Excellente idée ma sœur. C’est un métier agréable. L’homme collabore avec la nature qui fait pousser ce qu’il a semé pendant qu’il dort.

— C’est vrai, fit la religieuse en souriant. Je vais aller prier notre Mère de venir au parloir. Votre recommandation la convaincra. Charles était dans votre régiment ?

René ne répondit pas. La sainte fille sortait. Le soldat levait sur lui un regard timide, implorant.

Le loyal Semtel éprouvait un peu de trouble en lui-même. Les circonstances le poussaient à un tacite mensonge. Ce qui s’impose n’est-il pas ce qui doit être ? Le Christ divin accueillait bien une pécheresses. La restriction mentale, se disait-il, je parlerai le moins possible.

La digne Supérieure était une grande femme âgée, au regard observateur, à la parole nette, elle paraissait apte à mener la grande maison dont elle était responsable, avec plus de justice que de douceur ?{{Corr|?|.} René Semtel la salua respectueusement.

— Ma mère, dit sœur Javote, permettez-moi de vous présenter Monsieur le Commandant Semtel, protecteur de mon frère, qui fut soldat sous ses ordres.

— Madame la Supérieur, fit René, je crois que ce garçon qui a fait son service en Afrique, peut vous montrer son livret militaire, serait apte à bien vous servir.

— Monsieur le Commandant, présenté par vous et notre excellente Sœur Javotte, j’accueille le travailleur que vous me recommandez. Il n’aura qu’à suivre les indications de notre chef de culture et sera augmenté de prix après quelque temps. Pour le moment, logé, nourri, il aura trente francs par mois. Cela vous convient-il mon garçon ?

— Oh ! très bien Madame. Je suis certain que vous serez contente de moi.

— Je n’en doute pas, mon ami. Vous pourrez entrer ici dès aujourd’hui. Le jardinier que vous remplacez nous a été enlevé en quelques heures... son cas n’avait rien de contagieux. Il a eu une colique du Miséréré (aujourd’hui l’appendicite).

— Je ne crains rien, Madame, approuva Charles en regardant son protecteur. Je viendrai chez vous avec joie, dès ce soir, quand Monsieur voudra bien le permettre.

— C’est entendu, décida la religieuse, voici un denier à Dieu.

Elle tendait un écu au jeune homme qui s’inclina en acceptant l’aubaine.

La Mère supérieure se retourna vers l’ancien officier :